mercredi 24 septembre 2014

Hervé Gourdel

Depuis deux semaines, notre famille s’est un peu plus enfoncée dans la montagne.

Pour seuls voisins, un couple d’écureuils, des perdreaux, trois chevaux et un âne.

Chaque matin se lève sur une aube insolente, les nuages en écharpe autour des sommets. Chaque matin, je me dis que le jour pourrait être radieux.

Il pourrait l’être, s’il n’était ces échos pourris qui montent des plaines. Ces sales nouvelles qui tordent le cou aux promesses de l’aube.

Parce que, malgré le bleu insolent, la fraîcheur qui étrille les poumons, le ciel manque d’air. 
Moi aussi.

Ça ne date pas d’hier.

L’impérialisme financier, comme le colonialisme en son temps, Ebola en guise de Peste et Monsanto en monarque absolu nous bouffent notre oxygène. Le discours des politiques vide les mots de leur sens, qui deviennent un mauvais vent transportant les nuages nucléaires.

Quoique loin de tous ces fracas, de ces pollutions, l’air se fait bien rare.

Alors ce soir, le peu de souffle qui me reste, j’aurais envie de le donner aux enfants et à la famille d’Hervé Gourdel, qui doivent sacrément en manquer.

Il aimait marcher.

Face à ce genre de nouvelle, j’aurais envie de m’enfoncer plus profond encore dans la forêt, de marcher si loin que j’échapperais au monde. Mais l’horreur, je le crains, court plus vite que moi.

Alors je me dis qu’il va falloir faire face, se retrousser les manches et colmater. Avec quoi, je ne sais pas trop – éducation, humilité, doute…- mais va falloir sacrément colmater les fissures, parce que c'est à l'Homme, qu'on est en train de couper la tête.

Et l'Homme, comme l'homme, est mortel.

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