jeudi 25 décembre 2014

Prologue



 Lettre de Sibérie, plan inaugural, Chris Marker.
Je vous écris d’un pays lointain. On l’appelle Sibérie. A la plupart d’entre nous, il n’évoque rien d’autre qu’une Guyane gelée, et pour le général tsariste Andréievitch, c’était « le plus grand terrain vague du monde. » Il y a heureusement plus de choses sur la terre et sous le ciel, fussent-ils sibériens, que n’en ont rêvées tous les généraux. Tout en écrivant, je suis des yeux la frange d’un petit bois de bouleaux, et je me souviens que le nom de cet arbre, en russe, est un mot d’amour : Biriosinka. 


Que rêver de plus beau, pour ouvrir ce carnet de voyage entre Moscou et Pékin, que la voix off de Chris Marker dans Lettre de Sibérie ? 

Tout y est ; la subjectivité assumée qui rencontre l’abondance de la terre contre la relégation officielle, l’érotisation du paysage, tous partis pris esthétiques qui ont modelé l’écriture de ces fragments, mise en texte d’un carnet tenu lors de la traversée en train du continent russe.

C’est d’abord l’évocation d’un fantasme, celui des Sibériques, terre mythifiée par la narratrice, puis le récit de sa rencontre avec le réel, la Russie des années 2000, histoire passionnelle qui se tisse d’étreintes en disputes. Comme souvent quand un homme rencontre une femme, le choc du désir et de la conjugalité se révèle acrobatique, le réel donnant parfois la fessée au fantasme, quand le regard amoureux ne transcende pas la vaisselle quotidienne.

Ne parle-t-on pas alors de montagnes russes?

Dans ce manège, trois protagonistes : Vada, la narratrice, Vodka, son acolyte et, last but not least, le décor en arrière plan, pays lointain que l’on appelle Sibérie, qui envahit la narration et devient personnage à part entière, monstre goulu qui se nourrit des artefacts du récit et de sa propre extravagance.



Pour les épisodes, c'est ici:

  1. Moscou, cathédrale Basile-le-Bienheureux.
  2. Danse macabre sur la Revolioutsii Plodstadt
  3. Dents d'Or
  4. Krasnoyarsk blues
  5. Le chamane et le Sergent Hartman
  6. Y a bon banya

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