jeudi 2 avril 2015

Prologue (écrit le 1er avril)

 Le vrai n'est pas toujours poli. Le mensonge, les poètes à leur gré le malaxent et l’étirent, l’adornent et ne le présentent que plaisant. J’aime mieux prendre du plaisir avec un mensonge que de bâiller devant de laides vérités. La vérité, nous la vivons, vous et moi. […] Qu’avons-nous besoin de retrouver encore ces ennuis dans la voix de l’aède ?

Naissance de l'Odyssée. P. Les Bibliophiles de l'Est 1966.  Petit in-4° en ff, sous chemise et étui. Tirage limité à 150 exemplaires
Voilà comment Giono, dans Naissance de l'Odyssée et par l'entremise du personnage de Critus, énonce une poétique de la fable en glorifiant les mystifications d'un Ulysse hâbleur, infidèle, qui justifie son retour tardif à Ithaque par le récit d'aventures épiques entièrement inventées,  l'épopée devenant simple récit d'un mythomane, d'un faussaire de la réalité, mais du coup (facétie de pirate) sauvée de la fadeur du réel, sacrant par là-même le pouvoir de la fiction placé au-dessus de la vérité. 

C'est sous le patronage de Giono et de ses affabulations, que je placerai les fragments de Walden, textes nés à la suite de l'installation de notre famille dans une maison perdue au milieu des collines. 

Il y sera question de feu, de carrelage et de semis de tomate, autant de travaux d'Hercule que la vie comme elle va sème sur notre chemin d'infortune ou de fortune c'est selon.

Il n'y sera donc pas question de nous, les "laides vérités", mais d'une famille de quatre personnages: les parents -le cow-boy et la petite fille- la gamine (Petit-Biscuit, adjudant chef de la maison), et du chat (Thor, car zébré de feu, véritable maître des lieux, faisant retentir dans les marnes son miaulement tonitruant). 

Tout sera donc faux et pourra du coup être considéré comme vrai, mais surtout tout sera "bleu" et "vert" car l'héritage de Giono c'est avant tout, et selon les mots du maître, "l’effet des espaces" et si vous n'y trouvez pas de souffle ni d'épopée, c'est que vous fumez trop, bande d'éclopés. 


1 commentaire:

  1. Une "conversation narratologique" entre Gérard Genette et John Pier dans Vox Poetica, me semble éclairer le phénomène de fantasme créatif à l’œuvre, pouvant être rapproché de la mythification du réel, dans laquelle le critique revient sur la figure méconnue de la métalepse:
    http://www.vox-poetica.org/entretiens/intGenette.html
    On y retrouve cet extrait de Nouveau discours du récit dans lequel l'auteur définit la métalepse comme une figure qui déstabilise la « suspension volontaire d’incrédulité » (p. 23) pour produire « une simulation ludique de crédulité » (p. 25).

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