mardi 4 novembre 2014

Moscou. Cathédrale Basile le Bienheureux, 22 juillet.

Moscou © Laurine Roux
         Elle émerge, colorée, ventrue, un peu grotesque et appétissante , au bout de la Place Rouge, confiserie architecturale "croustillé[e] d'or" * ; style pâtissier.

       Edifiée par Ivan le Terrible, elle abrite le tombeau de Basile, le seul homme que craignit le tsar. Un fou, un sot, un saint, on ne sait pas trop.
      Basile le Bienheureux, iourodivy, membre de l'ordre des Fols-en-Christ, qui déambulait, raconte-t-on, nu, couchant sur le bord des routes à la belle étoile, se plaisant à s'enchaîner, bien azimuté, Saint-François KO

Basile est enterré, là, sous la cathédrale, à l'emplacement d'une ancienne église érigée sur sa tombe. Je me dis que sa folie a poussé comme un arbre. Elle a irradié les pavés de la Krasnaïa plotchad, prospéré dans les pierres, les interstices, devenue racine tenace et fait proliférer ces tours saugrenues, curieux sucres d'orge géants, presque indécents. Salut, bienheureuse dépouille qui engendra tant de déraison!

En marchant sur la place immense, je m'interroge. La folie de Basile aurait-elle pu contaminer la terre plus profondément, jusqu'à instiller sa tangence dans le caractère des russes?  Telle sera ma quête le long de ce voyage qui se déroulera, comme une langue de belle-mère, pouet pouet, sur neuf mille kilomètres. Neuf mille kilomètres! N'est-ce pas extravagant pour un pays de faire trois fois le diamètre de la Lune, caprice géographique!
 
Dans mes écouteurs, Iggy chante I wanna be your dog. Je l'imagine se tortiller. Bien cinglé aussi celui-là. Pour l'occasion, je le surnommerai Iggy POPE.

* Blaise Cendrars, Prose du Transsibérien et de la petite Jeanne de France

Pour les épisodes, c'est ici:
  1. Prologue
  2. Danse macabre sur la Revolioutsii Plodstadt
  3. Dents d'Or
  4. Krasnoyarsk blues
  5. Le chamane et le Sergent Hartman
  6. Y a bon banya

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