vendredi 3 juillet 2015

Bernard Sobel

Bernard Sobel
Extrait d'une lettre ouverte à Fleur Pellerin, concernant le non renouvellement de la convention qui liait le Ministère de la culture à l’homme de théâtre Bernard Sobel, pionnier du Théâtre de Gennevilliers, alors que ce dernier a déjà engrangé des projets pour les trois ans à venir:

« Madame la Ministre,

Nous voulons témoigner auprès de vous de l’émotion qui se répand dans l’ensemble du théâtre public à la nouvelle de l’arrêt du conventionnement de Bernard Sobel et de sa compagnie, arrêt soudain (et brutal) au seuil du renouvellement de sa convention triennale – la dernière, dit-il.
Certains artistes ont une fonction historique plus féconde que d’autres dans l’Histoire du Théâtre. Au-delà de leur œuvre propre, de leurs spectacles, ils génèrent par le soutien matériel ou leur rayonnement intellectuel et moral la progression d’autres artistes, plus jeunes. Bernard Sobel est de ceux-là : c’est une évidence pour nous tous, que notre chemin ait croisé directement le sien, ou indirectement.

Ceci implique du Ministère un vrai souci, ou devoir, de fidélité, au-delà même de ce qu’il pense devoir faire en des cas apparemment moins sensibles. L’enjeu de tout cela est d’avoir une vraie et saine conception de la transmission – fût-elle critique, souhaitons-la batailleuse – entre générations d’artistes de théâtre. Le souci du Ministère envers celles et ceux qui « émergent » est certes louable, mais il n’y aura pas d’émergence utile et durable sans ces passeurs de l’ Histoire.  (…)
Cette malencontreuse décision interviendrait au moment même où Bernard Sobel est en mesure d’annoncer son programme de créations pour les trois ans à venir, mais aussi se prévaloir d’une résidence de trois ans au Théâtre de l’Épée de Bois, dans le cadre de la Cartoucherie. On lui demande de tourner ses spectacles ? Mais qui d’entre nous pourrait parier, jurer, sur les tournées que ses créations pourront générer durant trois ans ? L’état de notre Théâtre public ne peut nous donner de telles assurances. Il faut avoir le temps avec soi. C’est pourquoi Bernard Sobel a besoin de cette convention de trois ans.

Madame la Ministre, nous nous sommes regroupés rapidement pour vous adresser ce message. Nous connaissons – c’est peu de le dire – les difficultés de la conjoncture générale, mais justement : l’existence active de Bernard Sobel est toujours nécessaire à la poursuite de notre histoire théâtrale et culturelle, au-delà même de ladite conjoncture.

Nous vous demandons instamment de prêter une oreille attentive à cette requête et de bien vouloir rassurer Bernard Sobel au plus vite quant à son avenir – c’est à lui, s’il vous plaît, qu’il faut répondre. Nous attendons de vous une décision qui soit à la hauteur de ce qui nous semble être une mesure vraiment dénuée de sens – à moins qu’elle n’en ait que trop...

Nous vous prions, Madame, la Ministre, d’agréer l’expression de notre sincère considération.

Cécile Backès, Agnès Bourgeois, Stéphane Braunschweig, Judith Depaule, Alain Françon, Julien Gosselin, Brigitte Jacques-Wajemann, Thomas Jolly, Benoît Lambert, Claire Lasne- Darcueil, Georges Lavaudant, Jorge Lavelli, Christine Letailleur, Macha Makeïeff, Nicole Martin, Arnaud Meunier, Jean-Louis Martinelli, Ariane Mnouchkine, Stanislas Nordey, Thierry Pariente, Célie Pauthe, Olivier Py, Pascal Rambert, Christophe Rauck, François Regnault, Stuart Seide, Jean-François Sivadier, Jean-Pierre Vincent, Jacques Vincey, et d’autres, si le temps nous le permettait… » 




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